SHIRLEY GOLDFARB, ÉPITAPHE

On est assez ravi d’avoir retrouvé les 4 lignes, épitaphe de Shirley Goldfarb, grande aventurière du Boulevard de Montparnasse, presque enchaînée aux terrasses de ses cafés, merveilleuse autrice (“carnets”) et qui écrivait ce qui suit, qu’on lit toujours un peu furieux contre soi :
« Elle aurait pu tout faire
Elle a choisi de ne rien faire
(Et en choisissant le rien
Elle eut du temps pour tout.) »

Je laisse le lecteur aller voir en ligne pour découvrir photos et personnage.

Je ne peux cacher que j’ai retrouvé ce qui précède dans le livre magnifiquement écrit de Frédéric Beigbeder, “bibliothèque de survie dans lequel il nous donne en les commentant les 50 bouquins qu’il préfère (Éditions de l’observatoire).

Je colle (citation) les deux pages qu’il a écrites sur Shirley  :

Carnets de Shirley Goldfarb (1994)
Elle s’autoproclamait « pique-assiette professionnelle ». Cette peintre expressionniste abstraite disposait des taches multicolores à l’huile sur des toiles. Le reste du temps, elle « attendait que sa vie commence » à la terrasse des cafés parisiens, en notant tout ce qu’elle voyait, pensait, entendait, attendait. Ce qui fait aujourd’hui sa notoriété, ce sont ces carnets nonchalants, publiés quatorze années après sa mort au Quai Voltaire, avec pour sous-titre Montparnasse 1971-1980.
Shirley Goldfarb est une Simone de Beauvoir en plus comique, nihiliste, pauvre et inconnue. Elle traînait dans les mêmes cafés que le Castor : le Flore, Les Deux Magots, Lipp, Le Dôme, Le Select et La Coupole. Elle y croisait ses amis Andy Warhol, Michel Butor, David Hockney et Yves Saint Laurent. « Je suis Shirley personne, disait-elle. Je suis mon propre événement. » Elle aperçut Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir à La Coupole, le 24 janvier 1974, mais n’osa guère les déranger. À Francis Bacon, elle dit : « Vous êtes un ange. » « Un ange tordu », répondit-il. « Ce sont les meilleurs », s’écria-t-elle. La première fois que j’ai entendu parler de cette folle géniale, c’est grâce à mon comparse de Rive droite/Rive gauche sur Paris Première : Philippe Tesson. Il ne tarissait pas d’éloges sur la délicatesse avec laquelle Judith Magre déclamait ses bribes au théâtre, dans une mise en scène de Caroline « C’est-la-ouate » Loeb. Chaque notation mélancolique de la clocharde la plus snob du monde est l’équivalent littéraire d’un shot de tequila. Chaque page un remontant express. Lire Goldfarb, c’est tenir compagnie à une perdante intelligente, c’est envoyer promener l’efficacité matérialiste. Elle se « régale du spectacle des nantis », elle veut « peindre comme Gertrude Stein écrit ». C’est le Journal d’un raté d’Édouard Limonov réécrit par une femme, c’est-à-dire sans l’aigreur revancharde. Ce qui intéresse Shirley Goldfarb, c’est de peindre ses ongles de la même couleur que ses lèvres, de porter de jolies chaussures et des lunettes de star. Elle ne fout rien de ses journées, et la nuit elle danse chez Castel. Sa devise ? «tard = plus chic ». Ce genre d’équations mathématiques peut provoquer des dommages irréversibles sur le système nerveux. Fauchée et esseulée, elle se comporte comme une reine de Paris.
« J’ai une capacité excessive de satisfaction, surtout les jours de soleil. » Son carnet est le radeau d’une naufragée. Quelle merveille ! On pense bien sûr à Dorothy Parker, en particulier quand elle rédige son épitaphe :
« Elle aurait pu tout faire
Elle a choisi de ne rien faire
(Et en choisissant le rien
Elle eut du temps pour tout.) »

JE COLLE CI DESSOUS UN LIEN POUR UN ASSEZ BON ARTICLE SUR GOLDFARB

https://preo.ube.fr/textetimage/index.php?id=133

PS2. Je regrette encore d’avoir loupé l’acquisition, en 1993, dans une vente à Saint-Germain-en-Laye, l’une de ses œuvres. Je devais être fatigué pour ne pas poursuivre dans l’enchère. Idiot.

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